La réforme du congé parental, annoncée avec fracas par Emmanuel Macron, devait révolutionner l’accompagnement des familles françaises dès août 2025. Pourtant, cette transformation ambitieuse se trouve aujourd’hui suspendue, laissant les futurs et nouveaux parents dans l’incertitude. Cette réforme promettait pourtant de répondre aux attentes majeures des familles : une meilleure rémunération, plus de flexibilité et un partage équitable entre les parents. Nous analysons les changements prévus qui pourraient encore voir le jour.
La transformation majeure : du congé parental au « congé de naissance »
Le projet gouvernemental prévoyait un remplacement complet du système actuel par un nouveau « congé de naissance ». Cette transformation visait à moderniser un dispositif jugé obsolète et peu attractif. Le nouveau congé devait s’inscrire dans le plan de « réarmement démographique » lancé par le Président de la République.
Cette réforme s’appuyait sur un constat simple : le congé parental traditionnel, pouvant s’étendre jusqu’à trois ans, éloigne trop longtemps les parents du marché du travail. Le nouveau dispositif privilégiait une approche plus courte mais mieux indemnisée, pensée pour concilier carrière et parentalité.
Toutefois, la dissolution de l’Assemblée nationale a provoqué la suspension du projet. Le gouvernement évoque désormais un « congé d’accueil de l’enfant » qui viendrait compléter les congés existants, mais sans calendrier précis.
Nouvelle durée et organisation du congé
La réforme proposait une durée fixe de trois mois par parent, soit six mois au total pour le couple. Cette approche tranchait radicalement avec le système actuel qui permet un congé jusqu’au troisième anniversaire de l’enfant. Le principe « use it or lose it » empêchait tout transfert de droits entre les parents.
Cette nouvelle organisation offrait une flexibilité inédite. Les parents pouvaient fractionner leur congé selon leurs besoins, l’alterner avec du télétravail ou un temps partiel. Pour les familles monoparentales, le cumul automatique des deux périodes garantissait six mois à temps plein.
| Système | Durée maximale | Flexibilité | Transfert entre parents |
|---|---|---|---|
| Actuel (2025) | 3 ans par famille | Fractionnement possible | Transférable |
| Projet réforme | 3 mois par parent | Fractionnement et cumul télétravail | Non transférable |
L’amélioration significative de la rémunération
L’indemnisation constituait le pilier central de cette réforme. Alors que la PreParE actuelle s’élève à seulement 456 euros par mois pour un arrêt total, le nouveau dispositif promettait 50% du salaire brut, plafonné à 1 900 euros mensuels. Cette revalorisation massive visait à rendre le congé parental accessible à davantage de familles.
Le calcul s’effectuait sur la base des douze derniers mois d’activité, garantissant une référence stable. Les familles monoparentales bénéficiaient d’une majoration spécifique de 30%, reconnaissant leurs contraintes particulières. Pour les naissances multiples, une allocation supplémentaire était prévue.
Cette amélioration drastique répondait à une critique récurrente : l’insuffisance de la compensation financière actuelle qui décourage de nombreux parents, particulièrement les pères, de prendre ce congé.
Partage équitable entre les parents : une priorité gouvernementale
La réforme ambitionnait d’atteindre 25% de pères utilisateurs d’ici 2028, contre moins de 1% actuellement. Cette progression spectaculaire s’appuyait sur l’individualisation stricte des droits et l’impossibilité de transfert entre parents.
Le gouvernement identifiait plusieurs enjeux majeurs dans cette démarche d’égalité homme-femme. Les mesures incitatives prévues incluaient :
- L’individualisation complète des droits de congé
- Une communication renforcée auprès des pères
- Des campagnes de sensibilisation dans les entreprises
- Un accompagnement spécifique des employeurs
Cette approche visait à transformer les mentalités et à normaliser la présence paternelle durant les premiers mois de l’enfant.
Articulation avec les congés maternité et paternité existants
Le nouveau dispositif s’articulait harmonieusement avec les congés existants. Les mères conservaient leurs 16 semaines de congé maternité, tandis que les pères gardaient leurs 25 jours de congé paternité. L’innovation résidait dans la possibilité d’enchaînement direct.
Une mère pouvait ainsi cumuler congé maternité et congé de naissance pour atteindre six mois d’absence continue. Les parents disposaient d’une liberté totale pour organiser leurs périodes respectives, permettant une présence parentale optimisée durant la première année.
Cette flexibilité répondait aux demandes des familles souhaitant personnaliser leur organisation selon leurs contraintes professionnelles et personnelles.
Nouveaux droits et obligations pour les employeurs
La réforme renforçait considérablement les obligations patronales. Le préavis passait de un à 45 jours, permettant une meilleure anticipation du remplacement. L’employeur devait maintenir le poste ou proposer un emploi équivalent avec une rémunération similaire.
Pour accompagner cette transition, un soutien financier spécifique était prévu. Les PME bénéficiaient d’une aide couvrant 40% du coût salarial du remplaçant durant les six premiers mois. Cette mesure visait à limiter l’impact économique sur les petites structures.
Les entreprises de plus de 250 salariés devaient inclure dans leur bilan social un rapport détaillé sur la gestion des congés parentaux. Cette obligation de transparence encourageait les bonnes pratiques et permettait un suivi statistique précis.
Cas particuliers et situations spécifiques
La réforme prévoyait des adaptations pour diverses situations familiales. Les naissances multiples ouvraient droit à un mois supplémentaire, reconnaissant la charge particulière de ces familles. Cette majoration s’appliquait automatiquement sans démarche administrative complexe.
Les familles monoparentales cumulaient automatiquement les deux périodes de trois mois, soit six mois au total. Cette disposition reconnaissait l’absence du second parent et les difficultés spécifiques de ces foyers souvent plus vulnérables économiquement.
Une extension aux travailleurs indépendants était programmée dans un second temps. Cette inclusion progressive visait à démocratiser l’accès au congé parental au-delà du seul salariat, répondant aux évolutions du marché du travail.
Calendrier et mesures de transition
Le calendrier initial prévoyait une mise en œuvre en août 2025, avec une phase test dès avril 2025 dans certaines régions pilotes. Les familles attendant un enfant pour le second semestre 2025 devaient pouvoir choisir entre l’ancien et le nouveau système selon leur situation.
La dissolution de l’Assemblée nationale a brutalement suspendu ce planning. Les droits acquis sous l’ancien système restent valables jusqu’à leur terme pour tous les congés débutés avant la date d’entrée en vigueur de la réforme. Cette garantie protège les familles déjà engagées dans un congé parental traditionnel.
Un service d’assistance téléphonique et des guides pratiques personnalisés devaient faciliter la compréhension des nouvelles modalités. Ces outils d’accompagnement restent en attente de la relance du projet législatif.
Coût et financement de la réforme
Le chiffrage initial évaluait le coût de la réforme à 1,2 milliard d’euros en régime plein. Ce montant considérable reflétait l’ambition de la transformation proposée. Le financement devait transiter par la loi de financement de la Sécurité sociale 2025, aujourd’hui reportée.
Des débats ont émergé sur le taux d’indemnisation optimal. Plusieurs sénateurs proposaient 60% du salaire avec un plafond abaissé à 1 600 euros, privilégiant les revenus modestes. Cette alternative visait à cibler plus efficacement l’aide publique tout en maîtrisant les coûts.
L’accompagnement financier des entreprises représentait un volet budgétaire significatif. L’aide aux PME et les mesures d’accompagnement nécessitaient un financement spécifique pour garantir l’acceptabilité de la réforme par le tissu économique.

